Les Guerres de Vendée
- Canadou
- 2 mai 2021
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 août 2021
Le Puy du Fou, Aux Epesses, raconte l'histoire de la Vendée depuis l'Antiquité. Mais son histoire est surtout marquée par des évènements qui ont eu lieu lors de la Révolution française : Les Guerres de Vendée.

Le Sacré-Coeur Vendéen
Les Guerres de Vendée, comme raconté dans les livres d'histoire, sont des guerres qui ont eu lieu entre républicains et monarchistes entre 1793 et 1796 en Vendée Militaire.
La Vendée Militaire était un territoire bien plus vaste que le département actuel. Elle s'étendait de Noirmoutier jusqu'à Angers et de Luçon jusqu'à, maximum, Laval.
Carte de la Vendée militaire - Christophe cagé, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons
Tout commence en 1789 : C'est la prise de la Bastille. Les bourgeois se soulèvent et le peuple parisien est dans les rues.
Les nobles ne sont pas contre ce tournant. Certains ne sont même pas contre La République elle-même.
Cependant, beaucoup sont obligés de fuir Versailles à cause des attaques des bourgeois qui sont armées.
La plupart vont rejoindre le Poitou. Là où les nobles sont riches grâce à l'agriculture qui est abondante sur leurs terres. Les paysans vendéens ne se plaignent pas de leur situation.
Les Vendéens sont attachés à leurs champs et leur religion. Lorsque la République demande aux prêtres de jurés, les Vendéens n'apprécient guère cette décision et continuent, illégalement, à participer à des messes faites par des prêtres réfractaires.

En Vendée - Evariste Carpentier
Les tensions commencent à monter dès 1791. Les républicains organisent une milice faite de jeunes hommes pris par tirage au sort. Les Vendéens ressentent une injustice du fait que les hommes tirés au sort sont plus nombreux que ceux dans d'autres régions de France et les bourgeois ayant l'argent peuvent payer pour ne pas rentrer dans la milice. Certains jeunes Vendéens sont donc forcés à se séparer de leurs terres pour une milice.
Les nobles réunis en Poitou luttent contre les attaques envers eux et les paysans vendéens ressentent une colère envers les bleus.
Quand en 1793, le roi Louis XVI est décapité, c'est la goutte d'eau de trop. Les Vendéens armés de fourches et de pics se réunissent devant les châteaux des nobles présents sur le bocage. Ils forment l'armée Catholique et Royale et ils sont surnommés les blancs. D'autres généraux et militaires de l'armée royale, rejoignent cette guerre.
Au total, 7 généraux auront commandé les troupes de paysans : Bonchamps, Cathelineau, Charette de La Contrie, Lescure, Henri de La Rochejaquelein, d'Elbée et Stofflet. Le Prince de Talmont participait aussi bien qu'on le retient moins dans l'histoire.
Portait de : Cathelineau, Bonchamps de Girodet- d'Elbée de Paulin Guérin - Lescure de Robert Lefèvre -Stofflet - La Rochejaquelein de Pierre-Narcisse Guérin - Charette de Paulin Guérin- le prince de Talmont de Léon Cogniet.
Lorsque les Vendéens les ont acclamés en bas de chez eux, certains généraux auraient refusé de sortir ne voulant pas entrer en guerre. Madame de Bonchamps dira qu'elle avait peur pour son mari lorsqu'il accepta de rejoindre les paysans. Charette aurait aussi tenté de se cacher sous son lit. Il faut savoir que certains reviennent tout juste de la guerre d'Indépendance des Etats-Unis. C'est le cas pour Bonchamps et François Athanase Charette de la Contrie. C'est d'ailleurs à ce moment que le lieutenant de la Marine Royale a formulé sa devise :"Combattu, souvent. Battu, parfois. Abattu, jamais."
Finalement, aucun d'eux n'a refusé de diriger ces paysans sans aucune expérience militaire. Ils réussissent un exploit hors norme : celui de formé à vitesse grand V des paysans traités d'imbéciles par les révolutionnaires.
C'est Cathelineau qui réussit à armer ses troupes en premier avec la prise d'un canon et d'armes à feu. Il devient de cette manière généralissime et est surnommé le "Saint de l'Anjou". Bonchamps retire les mousquets aux républicains pour les donner aux paysans. Charette organise plusieurs embuscades qui mèneront les républicains vers la défaite. Tous les habitants des villages participent à cette guerre. Les enfants interceptent les lettres que les républicains envoient à leur famille. Ils donnent des informations sur l'avancée des troupes ce qui avantage grandement les Vendéens. Les femmes combattent aux côtés des généraux. Elles cachaient des prêtres réfractaires et certaines quittaient le doux confort du foyer pour participer aux embuscades. Elles étaient appelées les "amazones". Cette organisation portera préjudice aux républicains.

La bataille de Cholet - Evariste Carpentier
A ce moment, les révolutionnaires sont désemparés. Les troupes républicaines sont forcées à reculer car trop peu formé. Il ne faut pas oublier que la milice est composée d'hommes tirés au sort. Les premiers généraux faisaient, avant, partie de l'armée royale. Pour des questions de trahison qui n'a jamais eu lieu, les révolutionnaires auraient fait décapiter certains généraux qui combattaient à leurs côtés.
Dépassés par les évènements, ils décident de mettre en place une extermination par des "colonnes infernales".
C'est avec ces colonnes que les massacrent en territoire vendéen ont commencé : des femmes sont violées, tranchées. Les enfants sont jetés dans la Loire. Les prêtres réfractaires sont égorgés devant la foule. Ils empalaient des femmes enceintes ou des femmes qui allaitaient avec leur bébé. Ils ont tué un nombre incroyable de personnes si on se rapporte à certains historiens. 300 000 Vendéens auraient été tués. Mais au vu de l'époque, il est impossible de mesurer la fiabilité de ce chiffre. C'est la période la plus sombre de l'année 1793.
Les batailles s'enchaînent et deviennent de plus en plus violentes. Les généraux vendéens sont blessés. Cathelineau est blessé par balles. Il finit par mourir quelques jours après.
Bonchamps aussi est blessé. Alité sur son lit, il apprend que ses troupes ont fait prisonnier une troupe entière de républicains dans une église. Les paysans ont commencé à charger les canons pour tirer sur l'église par vengeance. Le général les stoppe et demande de "faire grâce aux prisonniers". La phrase a été crié sous une forme connue : "Grâce ! Grâce aux prisonniers ! Bonchamps le veut ! Bonchamps l'ordonne !" Cette phrase, cet évènement est resté dans les mémoires comme étant Le Pardon de Bonchamps.

Mort de Bonchamps - Thomas Degeorge
Charette a, pour l'anecdote, combattu aux côtés de plusieurs femmes appelées "les pupilles de Charette". Céleste Bulkeley est une Angevine qui a épousé un lieutenant irlandais en 1786. Elle eut, avec lui, une fille de 12 ans. Son époux et elle combattaient auprès de Charette. Son image portant un sabre et un pistolet marquera les esprits encore longtemps. Sa fille et son mari sont mort guillotinés en 1794 tandis que Céleste Bulkeley échappe à la mort car elle est enceinte.
Photographie du spectacle 'Le Dernier Panache' du Puy du Fou mettant en scène Céleste Bulkeley qui s'empare d'un canon.
Juillet 1793, Cathelineau est mort. Bonchamps est blessé. Lescure aussi. Il faut un nouveau généralissime. Tous se tournent vers La Rochejaquelein. De ses 20 ans, Il est le plus jeune des généraux. Quand on lui a demandait d'être généralissime, il se serait mis à pleurer dans son coin et même faire une crise car il ne voulait pas. C'est Lescure, époux de sa cousine, qui réussit à le convaincre. Henri de La Rochejaquelein devient alors généralissime. Il est à la tête d'une troupe bien plus grande de ce qu'il avait d'habitude. Pour encourager les hommes, il fait un long discours. Il parle de son jeune âge, de son manque d'expérience. Mais il termine son discours par une phrase très connue et dont l'ordre a été modifié pour la poésie : "Si j'avance, suivez-moi. Si je recule, tuez-moi. Si je meurs, vengez-moi." La phrase aurait été en réalité dite dans cet ordre : "Si je meurs, vengez-moi. Si j'avance, suivez-moi. Si je recule, tuez-moi."

Henri de La Rochejaquelein au combat de Cholet - Paul-Emile Boutigny
Les nobles se sentent plus fort et tentent de monter plus haut dans le nord pour étendre le territoire de la Vendée Militaire. Mais les paysans sont contre l'idée de quitter leurs terres. En effet, une fois les batailles gagnées, quand les généraux voulaient continuer, les paysans demandaient à rentrer chez eux. C'était le faux pas des généraux vendéens. Ajoutez à cela le fait qu'ils n'étaient pas toujours d'accord créant presque deux armées distinctes. Petit à petit, les troupes ont diminué. Certains abandonnaient, ils trouvaient ça trop dur et inutile. Ils préféraient fuir plutôt que mourir en essayant de combattre pour l'impossible.
Ainsi, Bonchamps meurt le 18 octobre 1793, laissant Madame de Bonchamps veuve à 26 ans. Lescure le suit le 4 novembre 1793 à l'âge de 27 ans. Son épouse, Marquise de Lescure puis Marquise de La Rochejaquelein, n'avait alors que 21 ans. D'Elbée se fera capturer pour se faire fusiller en janvier 1794 à Noirmoutier. Le Prince de Talmont est fusillé le 27 janvier 1794 à Laval. La Rochejaquelein meurt au combat le 28 janvier 1794. Stofflet, un Lorrain d'origine, continue de se battre jusqu'au 25 janvier 1796 où il est fusillé à Angers.
Il ne reste que le dernier des généraux vendéens, le "Roi de la Vendée" : François Athanaze Charette de La Contrie.
Abandonné des siens, il termine seul est blessé au logis de la Chabotterie. Il s'est caché dans la forêt attendant sa mort ou qu'un républicain le trouve. Ce fut le général Travot qui capture Charette. Il est emmené le 29 mars 1796 à la place Viarmes à Nantes. A son procès, lorsqu'on lui demande son dernier souhait, il répond "me raser". Arrivé à la place, lorsqu'on lui propose un prêtre jureur pour la prière, il refuse. C'est un prêtre réfractaire, de sa fenêtre, qui lui fait sa prière. On lui bande les yeux, il refuse. Il dit vouloir voir la mort en face. Il refuse de se mettre à genoux. Il aurait demandé à qu'il lance lui-même le feu. Il aurait alors, les yeux droits sur l'assistance, placé son doigt sur son cœur et sur le cœur vendéen cousu sur une étoffe blanche sur sa veste. Puis, il donne sa mort. Elle signe la fin des guerres de Vendée.

Exécution du général Charette place de Viarmes à Nantes, mars 1796 - Julien le Blant
Après les guerres, Madame de Bonchamps s'est faite capturer pour être exécutée lorsqu'un républicain la libère. Ce soldat faisait partie de la troupe qui a été sauvée par Bonchamps. En reconnaissance envers son sauver, il sauve la vie de la veuve de ce dernier.
Il faut attendre Napoléon pour que la Vendée soit restaurée. Il est ému par l'histoire de Madame de Bonchamps qui raconte dans ses mémoires cette période de trouble.
Les cathédrales sont reconstruites et les écoles sont agrandies. Napoléon fera de La Roche-sur-Yon la préfecture du département de la Vendée. Il a une statue à son effigie à la place Napoléon de la ville. L'empereur dira des Vendéens que ce sont "un peuple de géant". Il dira aussi de Charette qu'il lui "laisse l'impression d'un grand caractère".

Statue de Napoléon à La Roche-sur-Yon place Napoléon
1793 devient une année sombre pour La République et l'histoire de France. Victor Hugo écrit Quatrevingt-treize, dont Didier Barbelivien s'inspira pour créer l'album Vendée 93. C'est le tournant dans l'histoire de la Vendée encore marquée de nos jours. C'est une partie de l'histoire de France peu connue par les Français.

D'Elbée protégeant les prisonniers républicains après la bataille de Chemillé - Marie Féix Edmond de Boislecomte
Sources :
Toutes les informations proviennent des recherches personnelles et de mon interprétation. Il se peut que certaines choses soient de la surinterprétation.
Buisson, Patrick, La grande histoire des guerres de Vendée, Perrin, 2017.
Mémoires de la Marquise de La Rochejaquelin, édition par Alain Gérard, 2010.
Madame La Comtesse de Genlis, Mémoires de Madame La Marquise de Bonchamps.
Merci de me rappeler d'où je viens
J'ai lu ton article, et j'ai beaucoup apprécié et j'ai même appris des choses que je ne savais pas. Pour un événement historique où il s'est passé beaucoup de choses, tu as su condenser les éléments de façon claire et nette.
Il est vrai que c'est dommage que c'un événement historique peu connu des français mais grâce au Puy du Fou, il commence à être reconnu, bien qu'il soit toujours dans l'obscurité dans les manuels d'Histoire. Je trouve cela dommage et étrangement je partage l'avis de Napoléon Ier. Les vendéens sont un "peuple de géant" !
D'ailleurs concernant l'ouvrage de Victor Hugo "Quatrevingt-treize", il est un magnifique ouvrage (bien que les généraux vendéens sont mentionnés uniquement sous forme de description…