Le Fantôme de l'Opéra
- Canadou
- 23 juin 2021
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 août 2021
La véritable histoire...

Aquarelle d'André Castaigne pour l'édition américaine du roman.
« Le Fantôme de l’Opéra » est un roman écrit par Gaston Leroux en 1910. Ce roman policier avec une touche de fantastique est inspiré de la légende du mystérieux fantôme qui hanterait l’Opéra Garnier.
Préface :
Il faut savoir qu’au départ je voulais parler du film de 2004. Mais étant donné que j’ai aussi vu le film de 1989 et que je sais que l’histoire connaît beaucoup d’adaptation, je me suis dit que ce serait dommage de passer à côté de tout ce qui existe. Sachant que le plus intéressant dans « Le Fantôme de l’Opéra » n’est autre que la vraie histoire, les légendes et les multiples références, cela aurait été inutile de parler d’un film précisément. Donc voici l’histoire de la légende du fantôme de l’Opéra.
Gaston Leroux :
Gaston-Alfred-Louis Leroux est un écrivain français connu pour ses romans policiers et fantastiques. Il est né en 1868 à Paris, le 6 mai plus précisément -meilleur mois de l'année.
Il commence sa vie en étant avocat et journaliste. Certains de ses procès auraient même inspiré ses écritures. Il devient grand reporter en 1901 et à partir de là sa vie devient un peu plus extraordinaire notamment en assistant à la fin du pouvoir des tsars en Russie. Il commence sa carrière d’écrivain en 1908 avec « Le Mystère de la chambre jaune » qui sera un succès. C’est ainsi qu’il obtient sa réputation rapidement et qu’il passe le reste de sa vie à écrire. Il fera 32 romans, une série « Chéri-bibi » en 3 aventures, 12 nouvelles et 7 pièces de théâtres. Il n’a pas chômé.
C’est donc en 1910 qu’il écrit « Le Fantôme de l’Opéra ». Gaston Leroux a déjà obtenu quelques succès et une certaine renommée pour ses romans policiers. « Le Fantôme de l’Opéra » reste dans la même sauce que les premiers. Certains de ces personnages sont peut-être inspirés des criminels qu’il a rencontré en tant qu’avocat.

Aquarelle d'André Castaigne.
Synopsis :
L’histoire se déroule à l’Opéra où des évènements mystérieux ont lieu. Un fantôme défiguré roderait dans les souterrains. Un lustre chute lors d’un spectacle. Un machiniste est retrouvé pendu. Ce fantôme demande même de l’argent ainsi qu’une loge, la loge numéro 5, rien que pour lui. Il pousse ainsi une jeune femme, Christine, à chanter se faisant passer pour l’ange de la musique. Christine raconte cela à Raoul, un vicomte qui est aussi son amant. On ne tardera pas à découvrir que l’ange est un homme au visage défiguré nommé Erik. Il enlève la jeune chanteuse parce qu’il est… épris d’elle. Paye ta romance. Mais Raoul, comme tout bon chevalier servant, sauvera Christine.
Il y a de la romance, c’est énigmatique, il y a du suspense et de l’étrange, bref c’est du Leroux.

Aquarelle d'André Castaigne.
Les inspirations :
Un fantôme qui rode dans un Opéra n’est pas un conte fraichement sorti du cerveau de notre écrivain. Il est tout à fait évident que l’Opéra du roman n’est autre que l’Opéra Garnier ou des rumeurs tournent autour des sous-sols. Les nombreux accidents sont, quant à eux, inspirés du fait que beaucoup de salle étaient victimes d’incendie à cause des décors très inflammables et des nombreuses bougies qui servaient à éclairer.
Mais les premières rumeurs commencent par l’Opéra Le Peletier.
Opéra Le Peletier :
Cette salle d’opéra parisienne était située dans la rue Le Peletier. En 1873, l’Opéra Le Peletier brûle dans un terrible incendie. Il est intégralement détruit et les décors ont été les premiers à être dévorés par les flammes. Un caporal des sapeurs-pompiers est tristement célèbre pour avoir été mort lors de cet incendie : « son cadavre, que l'on retrouva, ne portait aucune trace de brûlures ; mais la tête avait été écrasée par la chute d'un pan de mur. »
Extraits de : Les Grands incendies, par Maxime Petit 1882.
Petit aparté : Les sapeurs-pompiers de Paris ont été créé en 1810 Sous Napoléon 1er après l’incendie pendant une fête en l’honneur du mariage de l’empereur et de l’impératrice. Ce qui me permet d’en profiter pour passer un message de remerciements et d’encouragement à tous les volontaires qui font des exploits pour sauver nos vies.
Mais la légende raconte qu’un pianiste et sa fiancée se trouvaient dans l’opéra au moment de l’incendie. La jeune ballerine décède mais lui survit défiguré par les flammes. Devenu monstrueux, il se cache dans les souterrains d’un Opéra en construction, l’Opéra Garnier.

Opéra Garnier :
Le Palais Garnier est un Monument Historique de Paris inauguré en 1875. C’est un théâtre national et une académie où tous les artistes rêvent d’y passer. Sa construction par Charles Garnier s’est faite en deux temps : une première fois sous Napoléon III interrompue par la guerre de 1870 puis repris en 1873 sous la Troisième République à la suite de l’incendie de l’Opéra Le Peletier.
Le souterrain et le fantôme :
Les sous-sols étant interdits au public, les gens prenaient un malin plaisir à raconter des rumeurs. Les amants s’y retrouvaient en cachette et on raconte aussi qu’on y jetait des corps.
C’est dans ses souterrains là que le fantôme se serait caché et aurait composé un hymne à l’amour et à la mort pour le reste de sa vie. Cette œuvre inachevée et jamais retrouvée, bien qu’on associe beaucoup d’œuvres d’anonymes inachevés au fantôme de l’opéra, serait même maudite si on ose la jouer.
Une rumeur en plus pour faire frissonner les bonnes dames en manque de distraction. Or, ces rumeurs pouvaient rapporter gros à l’Opéra qui agrémente ces histoires en associant des événements au pauvre pianiste.
Le lustre :
L’Opéra possède une légende urbaine autour de son lustre.
Le grand lustre aurait chuté en 1896 lors d’une représentation du « Faust » de Gounod.
Exploitée par Leroux, la légende provient sûrement de son roman qui commence par la chute d’un lustre pendant la représentation du même opéra. Mais en réalité, c’est un contrepoids du lustre qui est tombé lors de l’opéra « Hellé » de Floquet. L’accident a provoqué la mort d’une femme et la panique a provoqué plusieurs blessés.

La loge numéro 5 :
Dans le roman, la loge numéro 5 est réservée à Erik. Le Palais garde aujourd’hui la loge numéro 5 avec l’inscription « Loge du fantôme de l’opéra ».

Incendie de l'Opéra-Comique :
D’autres évènements ont pu inspirer Gaston Leroux. On sait qu’il y avait pas mal d’incendies à cette époque. Parmi les plus dévastateurs, il y a la Salle Favart en 1887 de l’Opéra-Comique. Pris dans les flammes pendant la représentation de « Mignon » d’Ambroise Thomas, cet incident a provoqué la mort d’une centaine de personnes et le déplacement de l’Opéra.

Bazar de la Charité :
Non, je ne parle pas de la série, bien qu’elle soit loin d’être mauvaise, mais bien des faits qui ont inspiré cette même série et peut-être notre cher écrivain. Le Bazar de la Charité est un évènement caritatif qui consiste à vendre des babioles au profit des pauvres à une époque très controversée en France. Vous imaginez bien que tout n’est pas si blanc.
Mais en 1897, le Bazar est pris d’un incendie causé par la combustion des gaz utilisés pour les projecteurs de cinéma. Une erreur de débutant : l’assistant du projectionniste allume une allumette à côté de l’appareil qui est mal isolé. Les vapeurs de pétrole, très volatile, sont donc au contact de la petite flamme ce qui provoque, au départ, l’inflammation de l’appareil puis une explosion. C’est pour cela qu’il ne faut pas fumer à côté d’un réservoir d’essence.
Cette explosion se transforme rapidement en grosse fumée noire. Ils font tranquillement sortir les personnes de la salle. Mais les flammes viennent rapidement se répandre et surement qu’il y a une succession de mini explosion qui provoque la panique des personnes. Et comme à l’époque on ne connaissait pas trop les effets de la panique sur les gens, cela a créé un bordel monstre. Des gens hurlaient, se marchaient dessus et se battaient même pour sortir.
La tragédie fait une bonne centaine de victimes et majoritairement des femmes de la haute société. C’est le cas pour la duchesse d’Alençon qui aurait même dit « Partez vite. Ne vous occupez pas de moi. Je partirai la dernière. » Résultat, on y retrouve son corps complètement carbonisé.

Les adaptations :
Un tel roman autour d’une telle légende crée forcément un engouement et donc des multitudes d’adaptations et de reprises. L’histoire a été adapté en pièce de théâtre, en comédie musicale, en film et même en bande dessinée et en manga. Remarquez qu’adapter ‘Le Fantôme de l’Opéra' en opéra aurait pu être cocasse.
Les films :
La toute première adaptation du roman est un film de Rupert Julian sorti en 1925. 7 autres films verront le jour après celui-là :
Un film d’Arthur Lubin de 1943
Un autre de Terence Fisher de 1962
En 1974, Brian de Palma sort « Phantom of the Paradise » qui raconte l’histoire dans l’univers glam rock des années 70
On se rappelle du film de Dwight H. Little sortit en 1989 qui est l’adaptation, semble-t-il, la plus proche du roman et qui est aussi l’un des deux films que j’ai regardés
Il y a une version de Ronny Yu sorti à Hong Kong en 1995 qui est « The Phantom Lover »
Un film italien de 1998 réalisé par Dario Argento
Et enfin, le très célèbre film de 2004 de Joel Schumacher dont tout le monde se rappelle les images et qui reprend la comédie musicale de Andrew Lloyd Webber de 1986.
Sur scène :
Le roman a été adapté en pièce de théâtre en 2010 et en ballet en 1980 mais surtout il y a une multitude de comédies musicales. La première, « Phantom der Oper », date de 1949. Il y aura un total de 18 comédies musicales car l’ironie du sort a annulé la dernière comédie musicale de 2016 pour cause d’incendie. C’est le fantôme de l’Opéra qui n’aimait pas la comédie.
Livre et autres :
Il y a 2 téléfilms américains sortis en 1983 et 1990 réalisés respectivement par Robert Markowskiz et Tony Richardson. Une bande dessinée française voit le jour en 2011 et 3 mangas reprend l’histoire mais seulement un a été publié en France par Isan manga en 2018. Il y a aussi eu un jeu vidéo d'aventures, "Mystery Legends : Le fantôme de l'Opéra" sur PC.

Musiques :
On va rigoler, hehe...
Les adaptations en musique sont très nombreuses. Parmi elles, des reprises des musiques des comédies musicales ou des films. Vous avez tous en tête la très fameuse musique de Andrew Lloyd Webber dont le thème principal a été reprise un nombre incalculable de fois.
Dreams of Sanity et Lacrimosa, Liv Moon, Taylor Davis et Lara de Wit, dans "Puppet Show" d'Avatar où on retrouve l'air principal, Peter Hollens... Ou encore une magnifique performance de Lindsey Stirling !
Pour les autres que j’ai pu retrouver, il y a :
Walter Murphy modifie la Toccata de Bach pour l’introduction de son album « Phantom Of The Opera » de 1978.
En 1980, c’est Iron Maiden qui sort leur version du fantôme de l’opéra.
En 1988, Jean-Patrick Capdevielle chante « Le Fantôme de l’Opéra ».
« Phantom of the Rapra » est un album du rappeur Bushwick Bill sorti en 1995.
« Il Fantasma dell’Opera » d’Ataraxia sort en 1996.
Iced Earth crée « The Phantom Opera Ghost » en 2001.
Au japon en 2005, le groupe D sort … *inspiration*… Yami yori kurai doukoku no acappella to bara yori akai jounetsu no aria.
Un autre rap de T-Pain fait son apparition en 2008, « Phantom ».
Le groupe coréen Super Junior sort en 2012 « Opera ».
Pour terminer et purifier les oreilles de ceux qui n'auraient pas aimé cette playlist particulière, je vous laisse avec la version de Prague Cello Quartet au violoncelle :
Kommentare