"Flip" de Lomepal
- Canadou
- 13 févr. 2022
- 22 min de lecture
Un rap... différent de ce que j'aime.

À la suite de mon premier article sur le rap, où j’explique ce que je peux apprécier dans un rap, voici ma critique sur l’album Flip de Lomepal.
On m’a conseillé de faire la critique. Au début j’étais sceptique. Après tout, ce n’est pas du tout mon genre et j’aurais aimé commencer mes articles sur la musique avec quelque chose que j’apprécie beaucoup. Mais comme l’article en question, une analyse, est en cours depuis 1 an et à la moitié, je me suis dit que ce n’est pas plus mal de découvrir autre chose.
Alors, Mesdames et Messieurs, penchons-nous sur cet album intitulé Flip du rappeur français Lomepal.
INTRODUCTION :
L’artiste, Lomepal, est Antoine Valentinelli. C’est un rappeur français né à Paris en 1991. Son surnom vient du fait qu’il paraissait toujours très pâle d’où « l’homme pâle ». Il commence son activité en 2011 et c’est à la sorti, en 2017, de FLIP qu’il obtient le disque d’or avant le disque de platine.
Dans la première version, il y a 14 singles et un interlude Skit Skate. 5 d’entre eux sont réalisés en featuring avec des artistes différents : 2Fingz, pour ne pas dire Doums et Népal, Arthur Caballero, Superpoze, Camelia Jordana et Roméo Elvis. En plus des 14 singles, il y a un titre bonus Mi-chemin en featuring avec JeanJass.
Dans la version deluxe, il y a 3 titres en plus, Club, Un peu de sang, Outsider. Des titres dont on n’en parlera pas.
L’album est un succès. Il reçoit les disques mais aussi de très bonnes critiques. Les avis positifs sont tels que j’ai l’impression d’être de très mauvaise foi. Mais que serait le monde sans méchant, alors voici mes avis sur les 15 singles de l’album.
CRITIQUES :
Pour appuyer mes propos, je vais donner une lettre aux musiques de F (très mauvais) à A (très bien). Les lettres correspondent à certains critères recensés dans ce magnifique tableau :

Comme vous pouvez le voir, de A à C, je considère que c'est bien mais de D à F ça rentre dans la catégorie "A ne pas écouter" de ma playlist. Les teintes de gris indiquent les critères plus importants : la musique n'est pas du tout importante et me sert que si j'hésite entre deux mais la construction du texte, elle, a intérêt à être plutôt bien. Ce qui est encadré en rouge sont les critères dit "absolus". C'est-à-dire que si une musique coche ce critère, il tombe obligatoirement dans la lettre de la ligne. Et comment je fais si les deux critères en rouge sont cochés ? Bah, déjà ça arrive rarement et puis sinon je regarde les autres critères, s'ils sont dans le rouge c'est F, sinon c'est D et non A. C'est un peu compliqué, je me doute. Et je parle bien évidemment de mon avis personnel.
Il y a donc au total 4 F, 4 E, 2 D, 3 C, 2 B et 1 A.
N°1. Palpal :
Si vous vous rappelez ma précédente critique, oui j’y ferais parfois référence, j’explique que la principale chose que je n’aime pas dans un rap est la musique puisqu’il n’y en a généralement pas beaucoup. J’explique aussi que j’ai tendance à me fier surtout aux paroles et à la poésie des paroles. Choses que je ne retrouve pas ici. Les paroles n’ont aucune mélodie, aucune poésie et puis, heureusement que Lomepal est un rappeur sinon il chanterait très mal. Cependant, juger sur ces points-là, revient à ne pas comprendre l’intérêt du rap. Le but premier de ce style est le sens des paroles…
C’est moi ou le texte est extrêmement égocentrique ? J’apprécie beaucoup cette double personnalité qui ressort dans le texte. Je dois reconnaître cette qualité, Lomepal mais en parallèle une personnalité détestable et une personnalité apprécier car rentre dans les codes de la société. Enfin, j’imagine parce que plus tard il rejette que ses défauts viennent de la société. Il y a certaines parties où je ne comprends pas tout et où je ne saisit pas l’intérêt. Cependant, dans l’outro, il va parler de sa fierté pour avoir réussi. Il parle rapidement d’un passé qui lui a été douloureux.
Il est où le fil conducteur ?
Le texte n'est pas si mal construit. À l'intérieur des couplets, y a beaucoup de phrases mises en parallèle avec parfois des contradictions qui viennent renforcer la double personnalité. Dans l’ensemble, il parle de beaucoup de choses sans vraiment de rapport juste pour dire qu’il a pris la grosse tête mais que ce n’est pas sa faute. Enfin c’est ce que j’ai compris.
Il y a, semble-t-il, une volonté de critiquer la société d'un point de vue narcissique. Mais alors qu'est-ce qu'il critique, pourquoi, la raison du pourquoi et comment, ça je n'en ai aucune idée. On dirait un mélange de punchline sans queue ni tête flattant son ego. C'est honnête... mais vide.
D
N°2. 70 :
Musicalement, je préfère celle-ci. C'est purement subjectif et ça ne vaut pas les mélodies introductives de Keny Arkana mais l'instrumentation est meilleure que celle d'avant et la non-conviction dans la voix aussi, bizarrement.
Je dois reprocher que les paroles se répètent beaucoup et donc ça devient ennuyant. Et puis… L’incohérence dans le refrain : Il demande qu’on le ramène en 70, c’est-à-dire dans les années 70 or il n’a pas du tout connu les années 70 vu qu’il est né en 91. Donc…

Bon, je me corrige, ce qu’il dit a un sens. En effet, les années 70 sont les années hippies en Europe et c’est certainement cette époque que notre auteur aimerait vivre. Mais dans ce cas-là, on dit « emmenez-moi en 70 » et pas ramenez.
Ensuite, même reproche qu’avant, les parties sont sans rapport avec le sens premier du texte. Il dit qu’il ne vivra pas jusqu’à ses 70 ans, c’est défaitiste mais il explique assez subtilement que c’est parce qu’il profite de la vie. Et c’est dans sa manière d’expliquer qu’il profite de la vie que là ça n’a plus aucun sens. On voit les nombreuses références qu’il ressort comme dans Palpal mais son texte va nulle part. Ce sont juste des gamins qui s'amusent encore même à 70 ans, il n'y a aucun intérêt.
C
N°3. Lucy (feat Doums et Népal) :
Alors là, c’est intéressant. Bon la mélodie, c’est un rap, c’est du rythme, c’est classique et plutôt sympa. Le texte est énorme. Si on néglige les ponts, qui sont moches, autant mélodiquement que dans le texte vu qu’il répète 6 fois la même chose, le reste du texte est riche en plein de choses.
Dans son intro, la symétrie du texte par sa répétition met en avant le fait que justement, il n’y a pas de pause. Il pose déjà la base de son texte : il ne s’arrêtera pas. Arrêter quoi ? Je ne sais pas. On le verra.
Dans le premier couplet, il commence en expliquant que c’est un gamin, qu’il fait des bêtises mais à l’échelle adulte... Ce sont des bêtises un peu graves tout de même. Au milieu, il y a un joli parallélisme : « Luxe ou chômage, langouste ou Ricard ». La langouste est un produit de luxe et supposé que le Ricard soit un produit pour un chômeur. Il présente son équipe, c’est sympa mais inutile et sans aucun rapport avec la suite où il raconte que ses conneries finissent par lui faire défaut. Son égocentricité du premier titre revient avec un effet de symétrie « A l’extérieur, j’suis répugnant. A l’intérieur, j’suis magnifique. » Il continue en disant qu’il a de l’argent, que le monde va mal mais qu’il ne le voit pas puisqu’il est défoncé.
Pour le deuxième couplet, c’est Népal et Doum’s qui s’alternent vers par vers donnant un joli effet de rythme. C’est dans ce couplet qu’apparaît le titre de la musique : Lucy. C’est le prénom donné à un squelette d’australopithèque. Et dans le rap, ils mettent Lucy en comparaison à l’ivoire, matière très lucrative qui nécessite le braconnage d’éléphant.
Puis rapidement, ils passent au fait que malgré leurs conneries, ils peuvent continuer puisqu’ils ont l’argent sans travailler à l’usine. Et ils reviennent sur la consommation abusive de drogue mais ils disent quand même qu’il faut faire attention et ils savent que ce ne sont pas des modèles à suivre. C’est bien de le préciser… Ils terminent sur de la politique, se considérant plus utiles que les politiciens. Ce n’est pas totalement faux. Mais ils font référence à l’assassinat de Kennedy en 1963 pour dire que même eux ne pourront pas changer les choses.
C’est con parce qu’on a seulement deux gros problèmes : D’abord, ils sont égoïstes et nous crachent à la gueule leur réussite. Même s’ils disent ne pas être fière de leur connerie, bah pourquoi tu le dis alors ? Et le fil conducteur. Comme pour les précédentes, tout ce qu’ils disent peut être intéressant à condition d’avoir dans du sens dans le sujet. Il y a beaucoup d'hors sujet. Lucy qui vient faire là on ne sait pas pourquoi et qui, en plus, est le titre de la chanson.
Mais en même temps c’est con parce que le texte a aussi deux gros points forts : la construction des phrases est bien faite. Les effets de parallélismes ou de je ne sais plus quelle figure de style montre le travail qu’il y a eu pour le texte. Et la volonté derrière cette chanson. La référence à John Kennedy, la volonté de changer le monde mais le résultat qui est pire. En deux phrases, ils ont dit ce que j’aurais aimé entendre plus : ils se sont pris pour des personnes importantes qui pouvaient changer les choses mais ils ont empiré les choses. C’est juste très dommage que pendant tout le reste de la chanson, ils racontent leurs conneries en faisant passer un très mauvais message. Ce qui montre en quoi ils ont empiré.
E
N°4. Pommade :
Soit ce single ne vaut rien, soit le message derrière est très puissant. Tout du long, il parle seulement qu’il prend de la drogue sans modération. Que sa dégénère en soirée. La « Pommade » faisant référence à la drogue. Il sait que c’est mauvais pour lui mais ne s’arrête pas pour autant, étant sûr que ça ira en s’arrangeant…
Comprenez que le message, ici, est très mauvais. La prise de drogue a de grave conséquence et il semble être au courant. Mais, là est mon doute, dans le refrain il répète « Cerveau cassé comme la voix de Janis ».
Parle-t-il de lui-même en se comparant à une chanteuse rock psychédélique connue pour sa voix très spécifique ou parle-t-il de la vie d’un artiste drogué faisant partie du club des 27 ?
La référence est Janis Joplin, une chanteuse de rock psychédélique, donc, qui est morte à 27 ans après une overdose d’héroïne, l’entrant dans ce funeste club des 27. Ce ‘club’ réunis tous les artistes de la scène rock mort à l’âge de 27 ans et, satiriquement, il y en a pas mal (Jimi Hendrix, Jim Morisson, Kurt Cobain, Amy Winehouse…).

Si sa référence n’est que pour la voix électrique de la chanteuse, alors le texte ne vaut rien. Par contre, s’il parle d’une vie d’un point de vue de drogué en référence à Janis Joplin, là c’est intéressant. Le problème c’est que ce n'est intéressant que pendant le refrain vu que les couplets font presque l’éloge de la prise de drogue. Une putain d’histoire mal racontée ou juste le trip bizarre d’un mec pas trop frais ?
La vie a parfois un mauvais sens de l’humour quand en 2018, à l’âge de 27 ans, Lomepal a un accident de voiture après une consommation d’alcool. Il aurait pu y laisser la vie et faire partie de ce club. Heureusement pour lui, il n’en gardera qu’un mauvais souvenir qui aurait fait changer sa mentalité. Vaut mieux s’en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard…
F
N°5. Ray Liotta :
À la première écoute, je n’ai pas trouvé ça tout à fait mauvais. La musique est plutôt bien. Il y a une petite mélodie agréable et le refrain bien que répétitif donne un bon rythme. De ce que j’ai pu comprendre, le ton est beaucoup plus léger presque ironique et je vais avouer que j’ai soufflé du nez.
Le texte est une description de ce monde « cruel ». Il détourne les mauvaises choses avec un délicat humour noir : « Je lis les nouvelles pour me faire les abdos », « ce monde c’est une bonne blague. » Il coupe son couplet sur un petit dicton : ne pas confondre vitesse et précipitation. Il l’écrit joliment avec une métaphore sur les excès de vitesses et les points sur le permis mais il le met ensuite en contexte dans une relation. Je ne comprends toujours pas pourquoi placer de ça ici, mais pris à part c’est plutôt bien.
Le refrain est sarcastique. Il explique en une ligne qu’il faut faire avec toutes ces choses cruelles de la vie et il enchaine sur toutes ses inégalités. Il met en parallèle « une fille bien dans la maison close » avec « Une pute dans la Maison-Blanche » référence à Mélania Trump. Un autre parallèle, « L’enfer et flambant neuf, le paradis en chantier », accentue sur le fait que le mal prend le dessus.
Un ton léger, du sarcasme et de l’humour noir. Le portrait pessimiste de ce monde avec un point de vue défaitiste. Cette fois-ci, il n’y a pas énormément d'hors sujet. Encore quelques incohérences et aucun fil directeur. Quelques jeux avec des figures de style sans trop de poésie. Ce n'est pas mauvais mais loin d'être comparable a du Orelsan.
C
N°6. Ca compte pas (feat Caballero) :
Je ne connais pas Caballero, et j’ai la flemme d’aller écouter, mais difficile de savoir si le texte est principalement construit par lui ou par Lomepal car, pour la première fois dans cet album, tout le texte a un sens. Elle est très courte mais très efficace. Il y a deux couplets mis en parallèle faisant le portrait de deux personnes qui ont une relation de couple difficile.
Caballero parle à une jeune femme qui est clean au départ mais du fait des problèmes de couple qu’elle rencontre, elle dérape en soirée et a des remords. En face, Lomepal parle à l’homme, un homme dont l’alcool le rend violent mais ne le reconnaît pas par fierté. Les deux couplets sont suivis d'un refrain et la musique se termine par l'outro qui explique que le seul responsable est l'alcool. C'est la défense qui suit un couplet accusateur disant que de toute manière on ne s'en rappelle pas. Finalement, le tout est moralisateur. On se cache derrière des excuses, on ne se rend pas coupable mais tout dépend des personnes. Il y a ceux qui vivront avec les remords comme le dit Caballero et ceux qui auront oublié comme le décrit Lomepal.
La construction du texte est très bien réalisée. Chaque couplet commence par une question : « t’es sûre que ça va ? » et « comment va ? ». Elles sont suivies par une phrase qui nous fait entrer dans une soirée : « t’aimes pas quand y’a d’la coke et de la frime. » ou « ce soir, tu prends quel côté de la vie ? ». Tout ça pour nous mener phrase par phrase à la situation de couple actuel : l’autre est sur le répondeur, il ou elle fait la fête de l’autre côté de la ville. Ensuite, ils utilisent des termes en rapport avec la fête et le fait de s’amuser. Ils montrent le moment où ça dérape en utilisant comme déclencheur l’alcool : « Tu l’as pas vu v’nir mais t’es déjà bourrée. » et « Ca sent pas bon et t’as un peu bu. ». Viens le moment où tout dérape : elle couche avec un autre, il se bat. C’est la conclusion des deux couplets qui diffèrent. Caballero commence la conclusion par « Tu ferais mieux de faire tes excuses » tandis que Lomepal va affirmer « Toi t’es fier quand tu sors ». La fin du couplet de Lomepal est plus longue. La conclusion est un peu plus désorganisée mais il arrive tout de même à terminer sur « efface cet épisode de la saison. » qui est contraire à « Les remords te mordent l’âme. » de Caballero.
On peut extrapoler sur le fait que la fille doit s’excuser et a des remords pour un adultère. Elle se sent extrêmement coupable comme le montre l’emploi de « hors-la-loi ». Alors que de son côté, l’homme ne se sent coupable de rien. Il est « fier », il se fait passer pour « faible », il a de la « fierté » encore une fois... Il oublie tout et ne se sent pas coupable d’avoir commis un crime avec mort-d’homme comme le laisse suggérer « corps au sol, flaque de sang ».
Juste un petit problème, le « Tu vas l’payer cher » de Caballero suggère effectivement que la fille est en tort alors que justement non. Je ne sais pas s’ils veulent suggérer ça ou s’il s’agit d’une façon d’appuyer sur cette contradiction et de montrer qu’elle se sent vraiment coupable. Je vais préférer la deuxième, vue que la première proposition fait extrêmement sexiste. L’autre problème est le refrain qui est exactement le même pour les deux mettant au même niveau la tromperie et le meurtre. C’est le problème d’un parallélisme trop bien construit. Il faut savoir le casser pour montrer qu’il y a un plus important que l’autre.
Ce n’est pas très esthétique mais la construction en parallèle est intéressante. Je n’aime pas l’idée de mettre au même niveau un adultère avec un meurtre. Ça peut être mal compris et vu comme des propos sexistes. La défense que donne Lomepal à l’homme est venue. C’est loin d’être mauvais et c’est même bien.
B
N°7. Bryan Herman :
Je suis perplexe. Ce texte parle de skate. On comprend rapidement que Lomepal est un passionné de skateboard rien qu’avec le nom de l’album « Flip ». Il se dit bon skateur et étale pendant tout le texte sa passion pour le skate. Il aime vraiment ça, s’en est presque beau de voir un passionné. Il fait des références à des skateurs américains connus comme Bryan Herman.
Bref, il ne parle que de ça puis à la fin il critique les personnes qui suivent les modes. Il se différencie d’eux par le fait qu’il aimait le skate avant et après la mode.
Et dans l’outro, il change de sujet complètement. Il cherche à se démarquer des autres rappeurs mais il avoue devenir comme eux alors faut le stopper. Et il se justifie déjà en disant que c’est la nature humaine. Quel est le rapport ? Les rappeurs puristes parlent-ils tous de skate ? Ce sujet n'a aucun intérêt. Comparé aux textes de mon article précèdent, eux avaient des vrais sujets à dénoncer.
D
N°8 Skit Skate (Interlude instrumentale)
N°9 Yeux disent :
Un peu de romantisme ne fait jamais de mal. La musique est plutôt sympa. Elle n’est pas très originale, toujours très classique. Je n’aime toujours pas la voix de Lomepal, je n’aime toujours pas l’instrumentation du rap ou hip-hop mais je peux reconnaître quand je ne le trouve pas insupportable.
Le texte parle d’une rupture ou de ce qui va être une rupture dont Lomepal se sent responsable sans chercher à s’excuser pour autant. Il reconnaît ses torts et assume que sa musique était plus importante pour lui qu’elle. Il reconnaît aussi lui avoir dit des mots qu’il regrette. Dans le refrain, plutôt bien dit, il explique qu’il aurait pu ne pas comprendre qu’elle avait été blessée. Tout est mis de manière à qu’on se dise que ce n’était pas si grave. Mais le titre de la chanson, « Yeux disent », est là pour montrer le contraire. En une musique, il montre sa fierté dans la musique et ce qu’il a perdu en échange. Sans le dire, il exprime très bien qu’il était amoureux. Un mec qui n’est pas amoureux n’aurait jamais assumé ses torts, il n’aurait jamais vu qu’elle a été blessée. Lui si.
La chanson n’est pas bien construite. Elle n’a aucune structure, pas d’effet ou de figure de style. C’est un texte en prose. On n'a un bon texte avec de très bonnes idées et un très beau message mais aucune poésie.
B
N°10. Bécane (feat Superpoze) :
Si dans la précédente il ne cherchait pas à s’excuser, ici c’est le déni de la rupture. Il remémore les bons souvenirs passés et tente de récupérer son amour perdu de cette manière. Les grands habitués des ruptures savent que cela ne sert à rien et que si on est à cette étape-là de la rupture c’est que c’est fini pour de bon.
Lomepal commence la chanson par la colère. Il reproche ce qu’il lui arrive à tout le monde et considère même que sa rupture est pire que la mort : «la faucheuse me fait des appels de phares ». C’est ce qui me semble car tout le premier refrain est flou. Comme il y a l’apparition de cette femme, il est difficile de savoir s’il parle de sa vie d’avant faisant d’elle un ange gardien qui l’a sorti de là ou si c’est plutôt son sentiment après envahis par les souvenirs d’elle.
Ce qui est sûr c’est que le pont résume bien la musique : il cherche à retrouver son amour perdu en remémorant les bons souvenirs. Le deuxième couplet est plus précis. Il parle du manque qu’il ressent et on comprend qu’elle est partie parce qu’il l’a trompé.
Il termine ses couplets par « tout allait mieux quand on roulait sur ma Peugeot 103. » Une manière nostalgique encore de se remémorer les bons souvenirs.
Elle est peut-être mieux structurée. Il y a un peu plus de belles-lettres mais c’est flou. On ne voit pas vraiment où tout ça nous mène et le sujet n’est pas précis. Le thème n’est pas très bien exploité.
C
N°11. Avion :
L’avion semble être une métaphore de son succès. Lomepal est un artiste qui s’est battu pour avoir son succès et maintenant qu’il l’a, plus ou moins, il continue à se battre, à toujours vouloir plus et surtout à rêver. Il se considère comme un enfant qui réalise son rêve. Mais il est pessimiste et sait que ce rêve ne durera pas : « je plane et je profite de la chute avant l’atterrissage. » Il se vante un peu, il se sait narcissique et fier de ce qu’il est. Il répète à plusieurs reprises dans plusieurs de ses musiques : « les chevilles qui gonflent ».
Mais il rajoute une autre atmosphère tout à fait contraire à Palpal : il sait que ce succès ne durera pas et c’est que la fin ne sera pas facile.
Son dernier couplet laisse voir ses pensées suicidaires. Mais c’est difficile de comprendre de quoi il a peur. A-t-il peur de la mort ? A-t-il peur de l’échec ? A-t-il peur d’être oublié ?
Un texte très flou qui mériterait d’avoir plusieurs chansons sur le même sujet pour mieux comprendre Antoine, la personne.
E
N°12. Malaise :
Je ne cautionne en rien ceci. Le sujet est donc sa libido. Le refrain est en deux parties dont la deuxième partie est inutile. La première partie est… Non, mais il ne fait que parler de sa b**e.
Il n’y a aucun intérêt et la poésie n’en parlons pas. Eventuellement, il y a l’emploi de jolie figure de style pour dire ce qu’on ne peut dire tout en restant poli.
Toute la chanson est aussi subtile qu’un éléphant de mer qui fait du patin artistique. On peut parler de sexe sans être dégueulasse, je suis désolée. Faire un rap sur ça, pour moi il ne faut avoir aucun respect et aucun principe. Il n’y a même pas d’imagination.
On peut lui reconnaître son manque de pudeur. Il est sans tabou, c’est génial...
En attendant, cette musique est sur ma liste noire.
F
N°13. Danse (feat Lost) :
La mélodie n’est pas belle du tout. Pour le coup, je n’aime pas du tout le son. Je le trouve désagréable. Il chante toujours aussi mal. La musique est censée être plus sensuelle donc plus chantée. C’est ce qu’il fait mais du coup ce n’est pas beau.
Le texte est celui de Malaise mais en moins gros dégueulasse, presque un peu plus romantique. Tout dépend de ce qu’on entend par romantisme. Rien que l’intro met cette incohérence en avant. Il parle de faire « la cour aux femmes » et après il parle de sexe avec cette même subtilité qu’on lui retrouve.
Bref, les paroles sont très sensuelles mais ça reste justes deux personnes qui se rencontrent en boîte et qui couchent ensemble. Mais ils ont tellement aimé ça qu’ils n’ont pas pour projet d’arrêter. Le sujet reste inintéressant. Le texte n’est pas subtil. Le rythme est mauvais. Mais c’est déjà mieux que la précédente. Un peu plus subtil, plus poétique. Il utilise le terme « danse » souvent utilisé dans les chansons comme métaphore. Il y a plus de sensualité, je le répète, mais surtout plus de respect.
C’est quand il a des idées bien organisées qu’il parle de sujets de merde.
F
N°14. Billet (feat Roméo Elvis) :
Particularité de cette musique, elle est en plusieurs parties. Des parties bien distinctes séparées par un blanc, non pas comme pour les musiques savantes.
- Partie 1 : Billet :
C’est tout ce que je n’aime pas dans le rap. "De l’ego-trip dans la sueur de boule", pour reprendre les mots d’un précurseur. Le refrain est ultra bien construit. Terminer les vers par le début de la phrase d’après avec « j’ai mis » montre ce qu’ils possèdent. En l’occurrence, l’argent qu’ils n’ont pas.
Bien que la liste soit longue, ils dépensent très peu. Sauf que leur manière de dépenser laisse paraître qu’ils sont riches et ceux sans travailler.
Dans le premier couplet, on a une description d’une vie de feignant, de riches devenues riches en ne faisant rien. Pour eux, c’est en faisant des « rimes à la gâchette » qu’ils sont devenus riches ou plutôt vont devenir riches. Ils expliquent justement dans le deuxième couplet qu’ils attendent à que leur rap leur donne l’argent et en attendant ils dépensent.
Sont-ils des abrutis ? Pensent-ils réellement qu’ils auront le succès nécessaire ? Ou l’ont-ils déjà pour dire autant de connerie de manière si intelligente ?
E
- Partie 2 : Raté le coche :
Mes oreilles souffrent et je pleure sans connaître la raison. On m’a dit de ne pas accorder d’importance à l’autotune. Je me dis que si c’est utilisé de temps en temps ou que pour le refrain, ça devrait aller. Finalement, je ne changerais pas d’avis. Une demi-seconde d’autotune et je casse un vase.
Le refrain, en plus de l’autotune, est répétitif et ne veut rien dire. Ils parlent de « cogner un mec » puis de « coucher avec elle ». Finalement, le mec on s’en fout, on ne s’intéressera qu’à elle. Dans l’outro, elle est toujours là mais maintenant c’est ma maman qui est insultée sans aucune raison.
Ensuite, les couplets. Lomepal parle de sa vie de célibataire, de défoncer et de libidineux. Classique. Ensuite, c’est Roméo Elvis qui parle de sa vie de défoncer et de sa musique. Ils relèvent tous deux leur ennui, le fait qu’ils ne pensent qu’à leur musique. Mais ils terminent leur couplet en compagnie d’une femme, je suppose vu que ça à l’air d’être leur genre.
Autant, Lomepal était cohérent. Il mentionne sa vie de célibataire et il rêve d’une vie de couple mais en attendant il fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Pour Roméo Elvis, il parle surtout de sa musique, des concerts. Du coup…

Encore une fois, tout ce que je n’aime pas dans le rap. Les deux parties sont mises ensemble alors qu’elles n’ont aucun point commun. Ah si, le featuring mais ça coutait quoi de séparer les deux titres . La première est très égocentrique. Le refrain est bien construit, c’est la seule qualité que j’y trouve. La deuxième n’a aucun sens en plus d’être auditivement écœurante.
F
N°15. Sur le sol :
Lomepal est un vrai artiste. On aime ou on n’aime pas, chacun à son avis là-dessus. On ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir les idées. Il a des choses à dire et ça se voit. Qu’il le dise bien ou mal, c’est autre chose. Mais il a vécu des choses. Pour avoir tant de choses à dire, tant dans son esprit, dans sa tête, il lui a fallu se battre à un moment. Que ce soit pour son succès ou juste pour lui-même, il en a affronté des problèmes. Cette musique est une porte vers lui. Non pas vers Lomepal, le rappeur français, mais vers Antoine Valentinelli, l’enfant rêveur.
La musique est bien. Le rythme est plutôt lent et pas désagréable. La mélodie du refrain, même avec un petit modificateur de voix peut-être, est assez belle. Il chante le refrain et là, il chante bien.
La première phrase du premier couplet nous fait directement entrer dans le sujet sans pincettes. Il parle directement de sa mère. Il parle du sentiment mitigé qu’il a envers elle. Il l’aime, c’est sa mère et pourtant il lui en veut un peu. Il parle de son enfance et de son adolescence difficile. On comprend rapidement ce qui a été difficile par le refrain notamment.
Mais son texte est évolutif. Il commence par ses insomnies, l’inquiétude qu’il a pour sa mère. Le refrain explique ensuite qu’il ne s’en faisait plus ou du moins il ne montrait aucune empathie alors qu’il souffrait certainement beaucoup intérieurement. On passe au second couplet où il plonge dans l’alcool et la drogue comme si c’étaient des antidouleurs. Il attend la mort et ne tient plus à la vie. Mais il se protège avec le rap.
Ensuite, il parle à sa « maîtresse » comme un enfant à l’école certainement pour résumer qu’il était un élève perturbant. Il va lui dire que sa musique l’a soigné.
Cependant, malgré sa musique et son succès, il s’occupe encore de sa mère et donc continue l’alcool. C’est ainsi qu’il conclue avec un refrain différent et plus optimiste. Dans ce refrain, il « redonne une chance à ce monde ». Le rap l’a aidé à s’en sortit, aujourd’hui ça va mieux, pas tant que pour lui que pour sa mère. Sa mère va mieux donc lui va mieux même s’il a déjà plongé dans l’alcool avec ses conséquences, il s’en est sorti grâce à ses morceaux.
Cette chanson est magnifique. Dédiée à sa mère, elle est lourde de sens. Il est conscient d’avoir écrit un chef-d'oeuvre, il le mentionne. Mais il le mentionne en se demandant qui va le sauver. Ce sont tes textes qui vont te sauver, Antoine. Seulement si tu arrêtes de faire le con pour commencer.
A
N°16. Mi-chemin (feat JeanJass) :
Au début de ce titre, il y a un long moment musical que j’aime bien. Puis le texte arrive.
Il résume ce que je reproche à Lomepal depuis le début : il a de bonnes idées mais n'est pas organisé. Il dresse une liste de courses de jolies punchlines sans réel lien entre elles. Phrases par phrases, tout est intéressant et a du sens.
Dans l’ensemble, c’est vraiment une liste de courses. Le refrain, je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Il n’y a que 3 mots répétés et même pas de manière rythmique vu que la mélodie prend le dessus à ce moment-là et qu’en plus y a cette diablerie d’autotune. Ôtez-moi ça de mes oreilles !
Jean Jass, lui, commence son couplet par une interjection insultante et se justifie en disant qu’il voulait l’attention. Le bougre, c’est con comme ça marche. La suite est identique. Une liste de courses de faits et de punchlines. Seulement, il est plus insultant que Lomepal. Il termine simplement en disant qu’il va encore tout faire pour atteindre le succès.
Dans le couplet de Lomepal, il n’y a pas ça. Peut-être un léger sentiment de voyage, une envie de partir. Ce sentiment est beaucoup plus accentué par Jean Jass.
Si on relie le refrain aux couplets, on peut résumer cette chanson par ils sont à mi-chemin du succès et ils ne comptent pas s’arrêter. A part ça, c’est du vent.
E
CONCLUSION :
Je ne changerais jamais d’avis, je n’aime pas. Je n’aime pas le rap, je n’aime pas Lomepal. Je n’aime pas particulièrement ses textes, je n’aime pas ses sons.
Mais il reste un artiste. En tant qu’artiste, il a énormément de choses à dire. Il a des idées qui affluent sans cesse. Son imagination est débordante. Seulement, il n’arrive pas à organiser ses idées. Il a une liste de belles phrases et les pioches pour faire un titre. Quand ses idées sont bien rangées, ce n’était pas de bonnes idées. Ce sont des mauvais sujets avec de mauvais textes.
Mais un artiste avec autant de choses à dire fait forcément des chefs d’œuvres. Il est capable d’avoir des idées qui affluent et en faire une description satirique du monde. Il est capable de faire de très bon texte, extrêmement bien construit. Et quand ces idées sont adressées à quelqu’un, quand il est honnête avec lui-même, il peut ouvrir son cœur et créer des choses sublimes.
Lomepal dépeint toujours sa personne comme étant un égoïste, fier de lui-même et de sa musique. Il montre souvent, trop souvent, son côté libre. Il fait le con et l’assume. La drogue, l’alcool, le sexe, il en fait presque sa marque de fabrique. Il le sait que ce n’est pas un exemple à suivre. Il connaît les conséquences mais il continue à faire le con.
Au fond, ce n’est pas un mauvais gars. Il a souffert, il s’est battu. Tant mieux pour lui s’il arrive à avoir le succès qu’il mérite. Est-ce que c’est une raison pour dire autant de merde ? Surtout quand il est capable de donner vraiment le meilleur de lui-même. Je ne vais pas lui jeter des fleurs non plus. Il peut avoir des bonnes idées mais il n’a en aucun cas la poésie qui va avec.
Si je préfère Orelsan ou Keny Arkana, c’est pour leurs textes engagés. Ils parlent parfois d’eux-mêmes comme Lomepal mais toujours avec une certaine morale qui s’adresse à tout le monde. Lomepal parle de sa vie, de son cas. Or, quand on ne se reconnaît pas en lui, ses textes deviennent vides de sens. Une succession d’idées et de belles phrases sans rapport, Stupeflip semble faire la même chose à la différence qu’ils mettent énormément de poésies et de rythmes. Le texte, rien qu’en le lisant, est mélodieux. Lomepal nous n’offre pas cette poésie rythmée qui serait la bienvenue quand ses idées se mélangent. Il a les idées mais il faut encore qu’il travaille dessus.
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